SOUVENONS NOUS,
ce jour là !...
BAB-EL-OUED symbole de la lutte pour l’Algérie Française est encerclé depuis quatre jours ; sans ravitaillement, sans communications, isolé du reste du monde, ce quartier ouvrier est maintenant assiégé par la troupe qui, sur ordre du général Ailleret, doit en finir avec ce bastion de résistance.
Ce même jour, de l’autre côté de la ville sur le plateau des Glières, une manifestation de soutien à cette population en souffrance est organisée.
Il est 14 h 30, la foule, drapeau tricolore en tête, se dirige vers la rue d’Isly, les jeunes scandent des slogans mais le silence leur est imposé. La marche est lente, solennelle, digne et calme mais résolue, il y a des femmes des enfants des personnes âgées, le cortège, passe devant un cordon de tirailleurs qui les laissent passer.
A 14 h 50 le cordon se referme, les tirailleurs braquent leurs armes sur cette foule silencieuse.
Puis, sans un cri, sans une sommation on tire à bout portant on mitraille la foule ; les manifestants se couchent, tombent, tentent de se mettre à l’abri, des cris, des appels au secours ; c’est le carnage, fauchés par les rafales de fusils mitrailleurs les gens s’écroulent, un officier crie alors « Halte au feu, halte au feu » les armes crachent toujours puis se taisent. La fusillade a duré 12 minutes il y a plus de 80 morts, les blessés se comptent par centaines.
Les camions militaires sont là pour ramasser les blessés et les morts qu’on évacue vers l’hôpital Mustapha. Lorsqu’on ouvre les ridelles les corps tombent pèle-mêle il n’y a pas assez de brancardiers.
La ville tout entière est sous le choc, la France vient de tirer sur ses enfants.